L'Université du Temps Libre
Maison de la Vie Associative de Villeneuve-sur-Lot

Détails de la conférence

"Art rupestre et art tribal en Inde"
par Jean CLOTTES
organisée le 28/03/2017 à 14h30

Conférence de Jean Clottes, Préhistorien, spécialiste de l'art pariétal.
En Inde l'art rupestre abonde. Ce sont des milliers de sites ornés qui se trouvent du nord au sud du sous-continent, mais plus particulièrement dans le centre. Ces peintures, souvent spectaculaires, couvrent une vaste période, qui va pour l'essentiel d'environ 10.000 ans jusqu'aux époques historiques. Une collaboration franco-indienne (JC et Meenaskshi DUBEY-PATHAK) a permis leur étude. Ces dessins répondaient à leur traditions bien établies, dont les détails pouvaient changer au cours du temps et ils traduisaient les mythes courants de l'époque. Au Mésolitique, la chasse était le plus souvent représentée, comme la danse et les paons. Au Néolithique/Chalcolithique, le bétail devint une richesse appréciée et fit même partie, si l'on peut dire, de la famille. Dans les périodes Historiques troublées, les thèmes précédents continuèrent à être figurés, mais ce furent désormais les guerriers, les armes et les combats qui dominèrent les représentations pariétales.
L'un des interêts majeurs de cet art rupestre, particulièrement abondant et méconnu, car souvent situé dans des jungles éloignées, est que son contexte culturel et naturel a été en grande partie préservé, ce qui est devenu rarissime dans le monde. Il est ainsi possible de considérer ce qui s'est passé dans les tribus locales et d'y découvrir la persistance de traditions ancestrales qui peuvent avoir trait à l'art et en expliquer les raisons profondes. Les recherches et les découvertes au sein des tribus auxquelles nous avons eu exceptionnellement accès, ont porté sur deux points majeurs. D'une part, sur les formes d'art traditionnelles encore en usage de nos jours, d'autre part nous avons constaté que des cérémonies, avec dépôts d'offrandes, avaient encore lieu dans certains abris peints, ce que nul ne soupçonnait jusque-là. Grâce à nos contacts, nous avons pu recueillir des témoignages détaillés, totalement inédits, sur ces pratiques en voie de disparition. Ce qui en émerge le plus clairement est le pouvoir bénéfique des images. Ce sont bien des images pour les esprits et pour les dieux, mais aussi et sans doute surtout pour les gens des tribus eux-mêmes qui en recherchent la protection par leurs dessins et les pratiques qui les accompagnent.